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rois que leur mort, alors que lui ne les connaissait que de leur naissance à une période brumeuse où ils disparaissaient sans périr.

» Pavel était beau. La mode n’y était pour rien, ni son âge. Tous ses portraits d’enfant étaient beaux — ses portraits de vieillesse aussi, sa mère, son grand-père — et Régina ne pouvait éprouver de défiance pour une beauté qu’il portait comme on porte un grand nom. Sa prunelle surtout était si large que Régina n’avait qu’à s’asseoir à peu près en face, pour se servir avec lui, tendrement économe, d’un seul regard.

» Pavel avait des tics. Il touchait ce qu’il admirait. Si l’un de ses amis étrennait une cravate, toute la journée il le tenait par cette laisse même, l’étranglant. Dans les pinacothèques, il arrivait à toucher du doigt, en dépit des gardiens, ses tableaux préférés, d’un geste sûr, comme s’ils avaient vraiment un point sensible. Régina redoutait qu’on fit devant lui l’éloge de ses cheveux, ou de ses bottines, car il arrivait aussitôt et