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l’inondait, jamais collier en pension ne fut nourri aussi abondamment. Je me mis à écrire ; la boîte était à la place de l’encrier, dès que je cherchais de l’encre, ma plume s’y heurtait. J’écrivis ton portrait, le dos à la fenêtre ; du café Stéfanie sortaient peu à peu les habitués, Wedekind et sa femme, et j’entendais plus clairement la voix de sa femme, car il la portait toujours à califourchon sur son dos ; Kurt Eisner, qui soufflait pour le nettoyer dans son fume-cigarettes jusqu’à ce qu’il sifflât ; — parfois, les jours de grande fumerie, je n’entendais le sifflet que de très loin, près de l’Académie ; Max Halbe avec Lili Marberg, et j’entendais tout près la voix du gros Halbe comme si cette fois c’était Lili qui le portait sur ses épaules. J’écrivais lentement ; pour chaque phrase sur toi, je devais céder ainsi tout un écrivain bavarois, parfois avec son supplément femelle. J’écrivais le prologue d’un roman appelé « Pavel et Régina ».

» Pavel, disait à peu près le premier cha-