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Mon cher Jean,

Je ne suis resté que vingt jours à Munich après toi. Voici les dernières nouvelles, elles datent de seize ans. Mais cela prolongera ton passé de trois semaines. La Vierge forte est retournée à Halle avec toutes les photographies des tableaux de la Pinacothèque où l’on voit des héros grecs de face. Tous les Bellérophon et les Icare de profil, elle les a dédaignés. Tu te souviens d’ailleurs que dans la rue elle nous accueillait avec des clameurs de joie si nous marchions droit sur elle, et nous saluait à peine si nous l’effleurions de côté. Les Grizzi devaient partir, le frère peintre pour Florence, le frère électricien pour Fribourg, mais leur mère arriva de Rome, ravissante, avec des malles à couronne de comtesse, et l’électricien partit pour Florence, le peintre pour Fribourg, on n’a jamais su pourquoi. Fedia Botkine ne m’a jamais écrit ; je sais que son père a été ministre à Amsterdam, puis à Tokyo, puis