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voyant un accident ; il n’avait aucune pitié en voyant un pauvre, de haine en voyant un lâche, et quand ses amis aux trains partaient pour toujours, il les saluait par des gambades, comme s’ils arrivaient, tout triste…

Neuf heures avaient sonné ; la lune se levait, et tout ce qu’il y a d’amoureux et de modeste sur terre, tout ce qu’écrivit sur le Berry, d’une encre invisible, le jour, la nostalgie ou la candeur, le cours de l’Indre trompeuse, les bassins ovales du château Raoul, éclatantes voyelles, à sa lumière devenait soudain visible. L’adjudant déjà dormait. Pour qu’il ne fût point dérangé, je fis éteindre les lampes, à part celle de mon lit, et apporter un paravent. C’était le paravent dont on sépare d’habitude, quand l’agonie approche, le mourant de son voisin. Sur une face il était vert avec des oiseaux japonais ; de l’autre, jaune sans dessin… J’imagine qu’on place les oiseaux du côté du mourant… et j’écrivis à Pavel…