Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ramage, les arbres n’étaient peuplés que d’oiseaux d’Amérique échappés aux navires. J’étais au point même, et le plus lointain, où le désir m’avait conduit enfant, et je reculais vers toi de dix centimètres, pour ne pas toucher, surtout avec cette peinture fraîche, un des panneaux mêmes de ma vie.

Mais soudain, par un hululement sauvage, la sentinelle d’un dépôt d’armes appelait à la garde ses quatre soldats qui se précipitaient du poste et nous présentaient les armes. Je les regardais bien en face, m’arrêtant devant chacun au moment où le fusil séparait les deux yeux, et dans ces huit demi-soldats, plus facilement que dans des soldats entiers, je cherchais à loisir mes ressemblances de la guerre, mes souvenirs de la France. Puis, le sourcil d’Artaud revu, la tempe de Dollero retrouvée, aperçue aussi dans leurs yeux la parenté avec l’ivoire et l’or, je leur faisais reposer l’arme et c’étaient