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Rogers est astigmate, il a deux grosses lunettes d’or à verres dissemblables et il vous pose toujours, aussi, deux questions à la fois… Oui, je l’ai vu… Une fois, au Luxembourg, l’été ; il entrait dans le jardin irréel, peuplé de Parisiens fantasques et tendres, et ceux qui se sentaient trop lourds pouvaient acheter de petits ballons à la porte… Une autre fois, chez un ami qu’il avait voulu voir l’avant-veille, sans le trouver et il avait laissé un distique, — la veille, et il avait laissé un sonnet. Mon ami se laissa surprendre au lit le troisième jour sinon il aurait eu au moins une ballade.

— A-t-il souffert ? Avez-vous lu ses derniers vers ?

Car Rogers recueille aussi le dernier poème de tous les poètes tués. Il recueille même leurs dernières lettres en prose, où parfois, comme les armes d’un guerrier qui s’habille un peu vite dans son appartement, deux mots par hasard se heurtent, riment,… et l’on tressaille. Dernière lettre écrite à une