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— Tu veux l’heure ? leur dirais-je, la voilà ! et je leur glisserai à chacun une de mes montres… Ils vont ouvrir les paupières, la bouche, relever leur foulard de leurs oreilles et tout ce masque de chair et de linge qui sert contre la nuit… Je vais secouer le capitaine, — il faut le secouer tous les jours plus fort — dont il tombe chaque matin, tant je le secoue, un objet, son stylo, son binocle, et les boutons mêmes, ces jours-ci, de sa vareuse… — Où sommes-nous ? me dira-t-il, et me reconnaissant, il m’insultera, puis tirera d’une douille d’obus la thermo léguée par le colonel et me versera du café… Au fond, tous les hommes sont bons… ou du moins ceux dont le nom commence par S, je ne réponds que de ceux-là, car c’est avec eux que j’ai vécu surtout, à l’orphelinat ou à la compagnie, à cause de l’ordre alphabétique… Synnan, qui élevait des coqs de combat, (un de ses coqs aveugle avait gagné quinze matches,) qui m’apprenait la boxe, et il s’amusait à