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ORESTE. – Calme-toi.

ÉLECTRE. – Moi ? Je suis toute calme. Moi ? Je suis toute douce. Et douce pour ma mère, si douce… C’est cette haine pour elle qui gonfle, qui me tue.

ORESTE. – À ton tour, ne parle pas. Nous verrons demain pour la haine. Laisse-moi goûter ce soir, ne fût-ce qu’une heure, la douceur de cette vie que je n’ai pas connue et que pourtant je retrouve.

ÉLECTRE. – Une heure. Va pour une heure…

ORESTE. – Le palais est si beau, sous la lune… Mon palais… Toute la puissance de notre famille à cette heure en émane… Ma puissance… Laisse-moi dans tes bras imaginer de quel bonheur ces murs auraient pu être l’écluse, avec des êtres plus sensés et plus calmes. Ô Électre, que de noms dans notre famille étaient au départ doux, tendres, et devaient être des noms de bonheur !

ÉLECTRE. – Oui, je sais : Médée, Phèdre…