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CLYTEMNESTRE. – Je le connais : un terrain vague, tendu d’épandages…

LE JARDINIER. – Un terrain vague, le jardin le mieux tenu d’Argos !

LE PRÉSIDENT. – S’il se met à vous parler de son jardin, nous n’en sortirons plus !

ÉGISTHE. – Épargne-nous les descriptions !

LE JARDINIER. – La reine me provoque. Je réponds. Il est ma dot, il est mon honneur, mon jardin !

ÉGISTHE. – Peu importe. Assez de querelles !

LE JARDINIER. – Terrain vague ! Il couvre dix arpents de colline, mon jardin, et six de vallée. Non ! Non ! Vous ne me ferez pas taire ! Pas un pouce stérile, n’est-ce pas, Électre ! Sur les terrasses, j’ai l’ail et les tomates. Aux pentes, la vigne et les pêchers de plein vent. Dans le plan, les légumes, les fraises et les framboises. Au creux de chaque éboulis un figuier, qui épaule le mur et y tiédit la figue.