Page:Giraudoux - Électre.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naître que sur ce point la justice des tribunaux m’a abondamment secondé. Et toutes les fois où j’ai été obligé de sévir, de là-haut on ne l’a point vu. Aucune de mes sanctions n’a été assez voyante pour permettre aux dieux l’ajustement de leur vengeance. Pas d’exil. Je tue. L’exilé a la même tendance à grimper les chemins escarpés que la coccinelle. Et je ne monte pas mes supplices en évidence. Alors que nos pauvres villes voisines se trahissent elles-mêmes en érigeant leur gibet au faîte des collines, moi je crucifie au fond des vallées. Et maintenant, j’ai tout dit sur Électre…

LE JARDINIER. – Qu’avez-vous dit ?

ÉGISTHE. – Qu’il n’y a plus présentement dans Argos qu’un être pour faire signe aux dieux, et c’est Électre… (Au mendiant qui s’agite entre les invités)… Que se passe-t-il ?

LE MENDIANT. – Il ne se passe rien, mais il vaut mieux que je vous sorte mon