Page:Giraudoux - Électre.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

crachais sur toi. Mais c’est fini, c’est fini… Salut, ô vérité. Électre m’a donné son courage. C’est fait, c’est fait. J’aime autant mourir !

LE MENDIANT. – Elles chantent bien, les épouses.

LE PRÉSIDENT. – Qui est-ce ?

ÉLECTRE. – Écoute, mère ! Écoute-toi ! C’est toi qui parles !

AGATHE. – Qui est-ce ? Ils croient, tous ces maris, que ce n’est qu’une personne !

LE PRÉSIDENT. – Des amants ? Tu as des amants ?

AGATHE. – Ils croient que nous ne les trompons qu’avec des amants. Avec les amants aussi, sûrement… Nous vous trompons avec tout. Quand ma main glisse, au réveil, et machinalement tâte le bois du lit, c’est mon premier adultère. Employons-le, pour une fois, ton mot adultère. Que je l’ai caressé, ce bois, en te tournant le dos, durant mes insomnies !