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LE PRÉSIDENT. – Et il n’en mange pas d’oseille et il ne fume pas le cigare, ton amant ?

AGATHE. – L’oseille mangée par mon amant devient une ambroisie, dont je lèche les restes. Et tout ce qui est souillé quand mon mari le touche sort purifié de ses mains ou de ses lèvres… Moi-même… Et Dieu sait !

ÉLECTRE. – J’ai trouvé, mère, j’ai trouvé !

LE PRÉSIDENT. – Reviens à toi, Agathe !

AGATHE. – Justement. J’y reviens. J’y suis enfin revenue !… Et vingt-quatre heures par jour, nous nous tuons, nous nous suicidons pour la satisfaction d’un être dont le mécontentement est notre seule joie, pour la présence d’un mari dont l’absence est notre seule volupté, pour la vanité du seul homme qui nous montre journellement ce qui nous humilie le plus au monde, ses orteils et la pe-