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LE BAPTÊME VIRIL


Yser ! le vent du Nord dans ses trompettes rauques,
Par dessus la tempête, avec son âpre accent,
Clame, emplissant au loin le ciel retentissant,
Que nous avons, teignant de rouge tes eaux glauques,
A la bête germaine offert un bain de sang !

Il clame que César, stupide sur tes berges,
Voyant son astre éteint pencher vers le néant,
Rêva, tendant le poing vers ton gouffre béant.
De te faire expier ton crime sous les verges,
Comme autrefois Xerxès fustigea l’Océan.

Il clame, l’âpre vent que sa rafale enivre.
En riant aux éclats dans ses trompes de cuivre.
Que l’on ne courbe pas les caboches d’ici
Et que nos soldats morts donnent le droit de vivre
Au peuple dont les fils se défendent ainsi !