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Depuis, insoucieux des vaines attitudes,
Trop libre pour servir et trop fier pour flatter,
Il trouva le désert au cœur des multitudes
Et dans la tour d’ivoire il se mit à chanter.

Par l’espace et le temps voyageant en pensée
Vers les pays de gloire et les héros lointains.
Le poète entreprit une vaste odyssée
Des clochers de la Flandre aux rivages latins.

Secouant chez les morts un flambeau nostalgique
Sur les terres de rêve où son âme aborda,
Chaque nuit il moulait dans un plâtre énergique
Un fier masque d’amant, d’artiste ou de soldat.

Dans l’ombre dont la tour était enveloppée.
Se souvenant encor qu’il fut l’avertisseur,
Parfois il adressait à l’inutile épée
Le salut sans écho de la lyre, sa sœur.