Page:Giraud - Héros et Pierrots, 1898.djvu/63

Cette page n’a pas encore été corrigée


Et dans ce lier décor de rubis et de laves
Qu’exaspère un désir d’être plus rouge encor,
Écoute, loin, là-bas, aux bouches des esclaves,
Sangloter et saigner des fanfares de cor.

Mais lui, le bel évêque, est morose : il repousse
D’un geste las l’enfant de chœur Hélianthus
Qui sucre de parfums sa longue toison rousse ;
Et son masque, où la fièvre allume ses cactus,

Ses regards, éperviers pour des chasses mauvaises,
Et ses lèvres de ruse aux baisers chauds et frais
Mêlant sous leur duvet des braises et des fraises,
Et ses savantes mains pleines de chers secrets,

Tout son être alangui chante l’ennui de vivre.
 Il n’a rien inventé, rien, pas même un plaisir :
La vie aventureuse est bête comme un livre.
Tout ment, et plus de proie aux loups de son désir

Qui lui lèchent le cœur avec leurs langues rouges,
Et n’étant point repus, le rongent lentement.
Mais les marins du port sont heureux dans leurs bouges !
Lassé d’être l’amour, lassé d’être l’amant,