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Les voici, deux à deux : leurs ailes infidèles
Câlinent les lys noirs du jardin mensonger
Où leurs frères jadis abdiquèrent leurs ailes,
Les calices des lys du jardin mensonger.

Les voici, deux à deux, frêles têtes charmantes,
Mourantes sous le faste épars de leurs cheveux,
Et des vipères d’or sur le lin de leurs mantes
Sifflent très doucement dans l’or de_ leurs cheveux.

L’azur lointain se fane, et sous des lierres d’ombre
Le jour mystérieux ouvre de grands yeux blancs :
Les voici câlinant les lys du jardin sombre,
Regardés tristement par ces vagues yeux blancs.

Une étrange élégance, infirme et maladive,
Équivoque splendeur de la stérilité,
Saigne sur les boutons de leur gorge tardive
Et sur l’obscur trésor de leur stérilité.

Parfois le lierre humide et le feuillage moite,
Au son d’un cor de nacre où chante un nain joufflu,
S’ouvrent sur le soleil comme une ogive étroite,
Au son d’un cor de nacre où chante un nain joufflu.