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Le bel adolescent se hérisse de traits :
Mais personne, ni les califes, ni les princes,
Ni les mages vieillots, ni les archers distraits,
Ni là-haut, dans l’azur, la Dame aux lèvres minces,

Ne regarde mûrir comme un fruit douloureux
Ce corps splendide, élu pour des amours royales,
Ni dans la cour en fête et le soir langoureux
Vibrer l’obscur essor des flèches déloyales.

Les archers, comme lui jeunes et caressants,
Ne songent même pas à punir une offense :
Ils sont simples et bons, ce sont les beaux enfants
Qui se mêlaient naguère aux jeux de son enfance.

Les mages, les docteurs, les califes, les rois,
Autour de son berceau courbèrent leur puissance,
Et venus d’Orient sur de lourds palefrois
Baisèrent ses pieds nus le jour de sa naissance.

La Dame qui sourit à ce long soir d’été
A trop soin du salut de sa vie éternelle
Et de sa gloire en Dieu pour n’avoir pas été
Envers l’enfant martyr câline et maternelle.