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Devant lui, quatre archers, groupe agile et fluet,
Gantés de maillots noirs étoilés de flammèches,
Semblent prêts à danser un cruel menuet,
Plus cambrés que leurs arcs et plus fins que leurs flèches.

Sur un haut tribunal, de vieux mages tremblants,
Des princes cuirassés de bronze, des califes
S’offrent, loin du spectacle, avec des gestes lents,
D’ardents lauriers cueillis dans leurs Généralifes.

Au balcon, dans l’azur triomphal, l’œil lustré,
La Dame du supplice en ses habits de joie
Rit de sa bouche aiguë au singe préféré
Qui s’étrangle en tirant sur sa laisse de soie.

Et là-bas, tout là-bas, des paysages bleus,
Le ciel tendre, égayé de frêles tourterelles,
Où sur l’orbe enfantin d’un couchant fabuleux
Le château des sept tours aiguise ses tourelles.

Enfin, là-haut, avec leur plumage d’argent
Bleu, vert, soufre, lilas, des archanges fidèles
Aux suprêmes lueurs du soleil indulgent
Allument en jouant leur doux arc-en-ciel d’ailes.