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Et dans les arbres bleus, parodiant les reines
Qui s’émouchent, de très petits singes grimpants,
Afin d’éventer leurs ironiques migraines,
Martyrisent la queue en éventail des paons.

Au sommet de la tour des fanfares joyeuses
Éclatent dans les plis d’un grand drapeau vermeil
Dont l’étoffe tordue en rafales soyeuses
Sous l’enflure du vent joue avec le soleil.

Et le maître soudain se dresse et ses doigts minces
Désignent, sur le flanc sablé d’or du coteau,
Un cortège lointain d’évêques et de princes
Qui dans la paix du soir s’en vient vers le château.

Celle qu’on voit là-bas, svelte parmi les palmes,
Fière comme une épée, en son fourreau d’orfroi,
Et dont les mendiants baisent les beaux pieds calmes,
C’est Tiphaine, la fille unique du vieux roi.

Un jour, quittant le doux palais de son enfance,
Ses femmes au rouet, ses fleurs, son clavecin,
Elle s’en est allée, en songe, sans défense,
Seule, le cœur gonflé d’un étrange dessein.