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En qui tu fais éclore un lys surnaturel,
Un beau lys aussi blanc que la neige et le gel !

PIERROT

Je n’aimerai qu’un lys du jardin de la Lune,
Et qui se fanerait sous vos doigts.

ELIANE

Je suis une

Malheureuse qui t’aime, oh ! qui t’aime ! Depuis
Ce jour, ce jour cruel où je t’ai vu, je suis
Une autre femme ! Je me hais, je me renie !
Pitié ! Pitié de moi ! Toute mon ironie
Est morte ! C’est par toi que j’appris la douceur !
Je veux être à la fois ta maîtresse et ta sœur.
Pitié ! Ne marche pas sur mon cœur ! c’est impie
D’écraser celle qui s’abdique, qui s’expie
Elle-même, et qui couche à tes pieds son orgueil.
Tu ne peux plus sortir de ma pensée en deuil,
Tu me hantes, tu me possèdes, je n’existe
Qu’en toi, par toi, pour toi. Je t’ai vu pâle, triste,
Souffrant du mal obscur de n’être pas aimé !…

(La perruche s’envole.)

PIERROT (secouant la tête) Eliane lit mal dans un livre fermé.