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Le paon s’épanouit ; l’aigle dressa son aile ;
Jupiter à Junon jura d’être fidèle
Et Vénus à Vulcain de n’avoir pas d’amant !…

L’ai-je d’ailleurs compris, ce serment équivoque ?
Sais-je ce que j’ai dit et ce que j’ai juré ?
Ah ! ce serment maudit, vous qu’en pleurant j’invoque !
Vous qui me regardez du haut du mont sacré,
Déesse au front ailé de colombes heureuses !
Parmi votre troupeau de filles amoureuses
Dites-nous, ô Vénus ! celle qui le tiendrait !

Je n’ai qu’un geste à faire et nul ne le saurait…
Il dort !…
Il dort ! Un seul moment je verrais son visage !
Puis j’éteindrais la lampe inutile et mes yeux
Sous leurs cils garderaient captive son image
Et je n’aurais plus rien à demander aux Dieux !

Sais-je, pendant le jour, ce que fait mon doux maître ?
Il a beau se cacher, d’autres le voient peut-être !
D’autres yeux que les miens caressent sa beauté !
D’autres yeux que les miens font de lui leur délice,
D’autres yeux dans les siens trouvent leur volupté !
Et s’il disparaissait cette nuit, ô supplice !
Il ne me laisserait qu’un écho de sa voix !…