Scène VII
(Le Palais magique. Nuit noire. Éros est endormi dans l’alcôve.)
Il dort ! J’ai dénoué son étreinte… Mon cœur
Est lourd… D’étranges voix lointaines, comme un chœur,
M’interpellent dans l’ombre et donnent à mon doute
D’insidieux conseils qu’en frissonnant j’écoute…
L’air de la nuit m’oppresse…
(Elle écarte les rideaux de l’alcôve.)
Il dort ! Il dort encor…
Des éclairs de chaleur illuminent l’espace…
Un orage amassé dans le ciel cinglé d’or
Est suspendu sur nous ainsi qu’une menace…
Désir ! ô cher Désir ! Parle-moi !
Comme il dort !
Il semblait triste et moins câlin que de coutume
Et son baiser me laisse une étrange amertume…
Pourtant, je fus aimée avec emportement
Et sa bouche cruelle avec une âpre joie
A marqué d’un baiser ma chair, comme une proie…
Puis il s’est endormi sur mon sein, doucement…