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Éros

Va-t-en ! Vieux baladin de l’Olympe !

Mercure

Va-t-en ! Vieux baladin de l’Olympe ! Tout beau !
Au lieu de t’emporter comme un guerrier d’Homère,
Dis-nous plutôt, enfant si digne de ta mère,
Comment tourne le jeu qui t’avait attiré.
Te prend-on pour un homme ? Es-tu transfiguré ?…
À te voir assis là sous tes ailes ternies,
Sinistre comme Oreste en proie aux Érinnyes,
Et prêt à chercher noise au pâtre passager,
Oui, tu m’as l’air en train de devenir un homme !
Et lorsque par hasard un chevrier te nomme,
Tu roules des yeux blancs et tu veux l’égorger !
Ah ! Fi ! Ces gestes-là sont d’un homme, d’un homme !
Te voilà blasphémant les Dieux comme un goujat ;
Tu ne sais plus comment ils sont faits, et déjà,
Si je me travestis selon ma fantaisie,
Tu ne reconnais pas l’odeur de l’ambroisie !

Éros

Va-t-en ! Serpent ailé !