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Les arbres sont plus verts, les fleurs plus odorantes,
Le vent trempe des pieds plus clairs dans les ruisseaux,
Et dans l’éther subtil, peuplé d’ailes vibrantes,
Mon esprit comprend mieux la chanson des oiseaux.

Hier ! Comme ils sont lointains, ces adieux pleins d’alarmes !
Qu’il est déjà lointain, mon toit paisible et doux !
Ô mes deux sœurs en deuil ! ô mes parents en larmes !
Un fleuve de baisers me sépare de vous !

Comme vous j’ai subi la loi de la nature.
J’ai quitté ma maison, ô mère ! comme vous ;
J’ai trouvé, comme vous, ô frêle créature !
Mon foyer et mes Dieux au giron de l’époux !

S’il était dans mes bras et s’il voyait la fête
Offerte à notre amour par ce matin d’été,
Sur son cœur chaleureux posant ma tendre tête,
Je verrais son visage en sa réalité !…

Ô bonheur ! je verrais ses mains fines et belles,
L’arc de sa souple bouche au contour duveté,
Et mes yeux chercheraient dans ses larges prunelles
Les secrets de la vie et de la volupté.