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Scène V


(Psyché est retombée endormie sur le lit nuptial. L’aurore s’est levée ; les bruits de la vie rustique montent vers le palais. Le soleil entre par les fenêtres ; ses rayons atteignent peu à peu l’alcôve, dont les rideaux se sont ouverts d’eux-mêmes. La lumière glisse sur le corps de la dormeuse et s’arrête comme un baiser sur sa bouche. Psyché étend les bras, ouvre un moment les yeux, les referme puis, lorsque le soleil se pose sur ses lèvres, se lève et marche, les mains en avant, vers la lumière.)

Psyché

Toi dont j’ai déploré le lever trop rapide !
Ô jour calme et puissant ! Jour magique et sacré !
Toi dont mon faible cœur, de son amour avide,
Voudrait précipiter le déclin empourpré !

Soleil ! ô bouche d’or qui répands sur le monde
En sourires de feu la force et la beauté !
Mon corps s’épanouit sous ta lumière blonde ;
Je confesse ta grâce et ta divinité !

Tout est plus beau qu’hier : le ciel est plus limpide,
Son azur plus profond, plus vivant et plus bleu,
Et ce matin d’été, comme un manteau splendide,
Est digne de couvrir les épaules d’un Dieu.