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Je te fais ce serment en échange du tien :
Si tu gardes le tien, je garderai le mien !
Adieu donc ! Mais ce soir, quand les ombres complices
Montreront à l’amour le chemin des délices,
Désir d’un pied léger reviendra vers Psyché !
Le crépuscule ami me prendra sous sa mante,
Et vivant pour toi seule, à tous les yeux caché,
Par les prés parfumés de mélisse et de menthe,
Trop subtil pour courber le brin d’herbe effleuré,
Comme hier, dans la nuit, Psyché ! j’apparaîtrai !

Psyché (debout)

Adieu donc, cher Désir ! Va-t-en, pour que tu vives !
Mais que ferai-je, hélas ! en attendant la nuit,
De ma pensée errante et de mes mains oisives,
Dans ce palais désert, plein d’absence et d’ennui ?

Éros

Psyché ! L’éclat du jour et sa vive lumière
Sont faits pour le sommeil solitaire et banal.
Étends ton jeune corps sur le lit nuptial !
Pour garder mon image, abaisse ta paupière !
Souris et parmi l’or épars de tes cheveux,
Mon baiser sur la bouche, endors-toi, je le veux !