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Scène III


(Un palais magique. À gauche, un banc de marbre. Par les fenêtres ouvertes on entrevoit un vallon plein d’arbres. Au fond, une porte. À droite, une vaste alcôve aux rideaux sombres. Le crépuscule tombe. Dans le ciel apparaissent des génies ailés escortant Éros, qui dépose sur le sol Psyché endormie. Il la baise au front, puis se cache dans l’alcôve.)

Psyché (revenant peu à peu à elle)

Me voici loin des lieux où j’étais exposée…
Comme il y faisait froid et comme je tremblais !
Sur le roc âpre et nu je gisais épuisée
Et j’attendais en vain la mort que j’appelais.
Un étrange sommeil accabla ma pensée.
Ai-je rêvé ma bouche en silence baisée
Et la douce aile blanche aux suaves reflets
Dans sa tiédeur d’oiseau sur ma gorge posée ?
Je m’élevais dans l’air caressant, je volais
D’un vol presqu’immobile et dont j’étais bercée…

Puis je suis descendue ici, dans ce palais.
Hélas ! À mon insu mon rêve se prolonge.
Si je touche les murs de ce palais de songe,
Ils s’évanouiront ainsi qu’une vapeur !
Quelle réalité va m’étreindre ?… J’ai peur !…