Page:Giraud - Éros et Psyché, Lamertin.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

die d’un débutant dont le nom m’échappe, à qui les communiqués directoriaux avaient prédit un succès triomphal et dont on avait beaucoup parlé avant la « première ». Le lendemain, on n’en parla plus. À cette comédie succéda une tragédie dont on ne parla pas longtemps.

J’attendais toujours, étant patient de ma nature et ne détestant pas l’ombrage des ormes, lorsqu’au mois de février 1920 je reçus cette lettre :


Mon cher Giraud,


Malgré ma bonne volonté, il ne m’est pas possible de représenter Éros et Psyché au cours de cette saison. J’aurais voulu faire coïncider ce spectacle avec les manifestations organisées en ton honneur ; je m’en suis préoccupé et je n’ai pu réunir les éléments d’interprétation indispensables. Il ne s’agit pas des deux principaux interprètes : je suis résolu à engager à Paris deux artistes réunissant les qualités indispensables. Mais les autres ? Je n’ai pas dans ma troupe actuelle de quoi peupler convenablement l’Olympe. J’avais espéré pouvoir recruter quelques dieux et quelques déesses au Conservatoire, mais je n’y ai rien trouvé de bien majestueux. Mieux que personne, tu sais que, s’il n’est très bien, ce tableau serait ridicule ; l’aventure serait désagréable pour toi et l’on m’en rendrait responsable avec raison.

Mais ne crois pas que je cherche à m’esquiver ; tu sais avec quelle spontanéité je me suis offert à tenter la réalisation scénique de ton beau poème et je m’efforce-