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tants de ton école de déclamation. Le public, qui n’est pas bête, en conclurait que tu joues mon drame pour l’amour de Dieu et qu’il est voué au sort des Racines.

Je te propose donc de remettre Éros et Psyché à l’hiver prochain. Assurément j’agis dans mon intérêt, mais j’agis aussi dans le tien, etc.


ALBERT GIRAUD.

Après quelques jours, je reçus de M. Victor Reding la missive diplomatique que voici :


Bruxelles, le 11 avril 1919.
Mon cher Giraud,


J’ai tardé à répondre à ta lettre du 30 mars parce que je ne savais vraiment pas quelle décision prendre. Finalement je me rends à ta demande, mais non à cause de l’interprétation des rôles principaux. Je ne t’ai jamais dit que je n’engagerais pas des interprètes à Paris. Ce fut même toujours mon intention et c’est toi qui, dès le début, m’as fait dévier de cette voie. Je t’ai toujours dit, au contraire, que l’entreprise était difficile et qu’il fallait ne rien épargner pour donner à ton œuvre le cadre qu’elle mérite.

Non, ce qui m’effraie, c’est la distribution très délicate des rôles secondaires. Impossible de faire venir des artistes pour dire un, deux ou quatre vers et cependant il y a des exigences de diction et de plastique qui ne permettent pas de recourir aux premiers venus ; il est indispensable d’avoir une troupe plus complète que