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menté ni diminué. M. Reding parut réconforté ; mais il retomba bientôt dans sa mélancolie. « Je n’ai pas de Mercure ! » soupirait-il d’un air tragique. « Et puis, vos autres Dieux et vos Déesses, ajoutait-il, je ne les ai pas ! »

Je ne les avais pas non plus, n’étant point le Jupiter de l’Olympe de la rue de la Loi. Et les semaines s’envolaient d’une aile de plus en plus rapide, lorsque, brusquement, M. Reding me proposa de « passer » dans la quinzaine, me réservant quelques soirées avant l’arrivée de la troupe de la Porte Saint-Martin, qui devait s’installer chez lui, en vertu d’un contrat, à jour fixe.

Je n’avais aucune envie de « passer ». La perspective d’être écrasé contre la Porte Saint-Martin ne me souriait qu’à demi. J’écrivis à M. Reding la lettre que voici :


Mon cher Reding,


J’ai mûrement réfléchi aux conditions dans lesquelles Éros et Psyché serait présenté au public si la pièce passait maintenant. Elles ne sont pas rassurantes. Pour être mise au point, l’œuvre, poème et musique, demanderait un nombre de représentations que la fin prochaine de la saison et tes engagements ne te permettent pas d’y consacrer.

D’autre part, sans mettre en doute son talent, Mlle X…, de l’avis unanime de ceux qui connaissent le drame, n’est pas possible en Psyché. Nous n’avons pas de Mercure capable de mettre en relief la scène du vallon. Enfin, je ne puis pas admettre qu’ayant engagé pour d’autres pièces belges des artistes parisiens de grande réputation, tu confies le soin de jouer la mienne à des débu-