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Van Neste, écrivit pour le drame un commentaire musical d’une forme nouvelle, dont certains fragments, exécutés en petit comité, intéressèrent vivement les connaisseurs. J’ajoute, sans insister sur ce détail, que M. Reding avait reçu les subsides qu’il désirait et que l’annonce de mon œuvre ne l’avait pas empêché d’obtenir.

Bref, tout semblait arrangé. Le théâtre du Parc rouvrit ses portes avec éclat. Il fut convenu que ma pièce succéderait à celles de MM. Vanzype et Spaak, lorsque, — première péripétie — un petit différend s’éleva entre M. Reding et moi. Il voulait confier le rôle d’Éros à un jeune premier ; je désirais qu’il fût confié à une femme. M. Reding, après avoir discuté quelque temps, s’inclina galamment. Mais aussitôt un nouveau différend surgit. M. Reding m’offrait, pour incarner Psyché, une jeune débutante fort jolie, douée d’une superbe chevelure et qui disait les vers comme on les dit quand on a une superbe chevelure, qu’on est jolie et que l’on sort du Conservatoire pour jouer sur le théâtre du Parc.

Éros et Psyché n’étant pas un drame capillaire, je déclinai l’offre et les semaines s’envolèrent d’une aile rapide. M. Reding déchantait visiblement. Il ne voulait pas de l’interprète que j’avais choisie pour créer le personnage d’Éros. Je ne voulais pas de celle qu’il me proposait pour créer le personnage de Psyché. Il commençait à redouter la musique, cette musique qu’il avait jugée indispensable. L’idée d’une orchestre qui jouerait pendant tout le drame l’effarait. Je lui fis observer que le cachet des musiciens, qu’ils fissent du bruit tout le temps ou seulement par intervalles, n’en serait ni aug-