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le premier fut l’immortel Washington. Honneur éternel soit à la France pour la part qu’elle prit sous le règne de Louis XVI à l’affranchissement des États-Unis d’Amérique et à la consolidation de leur indépendance ! Depuis sa fondation, la nouvelle république américaine n’a pas cessé de croître en influence extérieure, en prospérité intérieure, sans qu’aucune atteinte ait été portée à sa grandeur et à sa liberté, liberté réelle parce qu’elle est dans les mœurs.

Il est vrai de dire aussi que, aux États-Unis d’Amérique, on n’a jamais vu des innovateurs au pouvoir tenter des nivellements impossibles pour assurer le triomphe de ruineuses rêveries ; on y a rêvé comme partout où la liberté permet aux plus folles imaginations de préconiser leurs rêves comme le nec plus ultra des combinaisons de la sagesse humanitaire, mais le bon sens national a soufflé sur ces rêves qui se sont évanouis comme des bulles de savon. Toutefois, il faut avec douleur reconnaître une chose : si la république des États-Unis d’Amérique est admirable dans son ensemble et dans ses parties, il n’est pas possible de la prendre pour modèle et d’en reproduire l’imitation, parce qu’elle s’est faite d’elle-même, au sein d’un peuple vierge, avec des éléments nouveaux, et qu’il n’est pas donné aux hommes de reproduire un de ces grands phénomènes spontanés dont on ne scrute les causes qu’après en avoir ressenti les effets.

Laissons cependant de côté toutes ces républiques anciennes et modernes, où les citoyens ne peuvent pas plus se ressembler dans leur manière d’être républicains, que ces républiques elles-mêmes ne se ressemblent dans leurs lois et dans leurs, mœurs. Plaçons-nous, pour ne le plus quitter, sur le sol sacré de la patrie.

La France républicaine a éprouvé successivement trois formes du gouvernement républicain. Elle a eu, en l’espace de onze ans, la république conventionnelle, la république directoriale et la république consulaire. Quoique l’on ait vu souvent les mêmes