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futur empereur dans le chef de la république consulaire. À ce point de vue, avec cet oubli volontaire, en se souvenant cependant du miraculeux retour de l’ordre dans toutes les parties du gouvernement et de l’administration, de la sécurité rendue à toutes les conditions sociales, on comprendra l’attachement des citoyens à un gouvernement qui, avant tout, proclamait la volonté d’être un gouvernement honnête. L’empire, malgré le prestige de sa gloire, dissipa bien des illusions, quoique les mœurs, les coutumes, les usages eussent été de longue main préparés à recevoir sans secousse ce grand changement politique ; et cependant Napoléon savait les idées républicaines si bien ancrées dans l’esprit de la nation, qu’il leur rendit un dernier mais bien stérile hommage en se faisant proclamer empereur de la république française.

Ainsi, ni le régime de la terreur, ni l’abaissement du directoire, ni les pratiques occultes du gouvernement consulaire, ni ses séductions, n’avaient pu parvenir à déraciner le sentiment républicain. Nous adressons cette observation à ceux qui se demanderaient encore si le gouvernement républicain peut convenir à la France. On n’a besoin que de se ressouvenir, pour que ce ne puisse pas être l’objet d’un doute, surtout quand la république succède aux derniers gouvernements qu’elle a tolérés. Mais aussi on voit en même temps quelle est la république selon la prédilection de la France, et comment la masse de la nation est républicaine.

Ceci nous amène tout naturellement à parler de ces utopies fallacieuses, dont l’application aurait pour résultat à peu près certain l’impossibilité d’une république selon le vœu du peuple. Rappelons à ce propos que le directoire lui-même empêcha de se réaliser une de ces grandes idées subversives dont l’essai eût été cependant moins condamnable alors qu’il ne le serait aujourd’hui, car tous ces grands inventeurs de plans sublimes ne font que se copier les uns les autres.

Ce fut en effet sous le directoire, que l’on découvrit ce que l’on