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En le voyant partir, M. Lennoix se frotta les mains :

— Ce jeune homme me convient, pensa-t-il. D’abord il m’a compris ; il a vu tout de suite que ce qui me rend malade, c’est de perdre mon temps. Je devinerais que c’est un homme d’esprit, rien qu’à cela.

M. Lennoix était loin de s’alarmer de la beauté du nouvel employé ; au contraire, cet air noble et distingué le séduisait. Les gens de mérite sont possibles à séduire par ce qui est bien : il n’appartient qu’aux petits esprits de s’effrayer des avantages — et puis les hommes d’imagination ne sont jamais envieux. Ils valent mieux que tout le monde dans leur avenir ; personne ne marche où ils vont, personne n’est jamais arrivé où ils prétendent : ils ne peuvent envier ce qu’ils voient, car ce qu’ils rêvent est au delà.

Pendant que M. Lennoix se livrait à ses réflexions, Tancrède se perdait dans un corridor.

C’était l’heure fatale, l’heure de mélancolie