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toujours la portière de la voiture, dont le marchepied était baissé.

Tancrède, comme un écolier, s’approche ; puis une idée folle s’empare de lui.

Voyant ce carrosse béant depuis un quart d’heure, il veut s’y asseoir et s’y reposer. Soudain il s’élance invisible sur le marchepied, et va se placer au fond de la voiture.

Le mouvement qu’il imprime à la voiture fait avancer les chevaux, le cocher les retient facilement ; mais le bruit a réveillé M. le ministre de sa conversation. Il se rappelle qu’il est en retard, il se hâte et grimpe dans sa voiture. Tancrède veut sortir et se lève aussitôt ; mais le ministre, qui vient de s’asseoir, se penche en dehors de la portière, il ferme l’entrée de toute sa capacité. Tancrède espère encore s’échapper, mais M. le ministre étend ses jambes officiellement, donne ses ordres ; la portière de la voiture se referme, et voilà les chevaux partis.

M. le ministre s’établit dans son carrosse, il s’étale, il se carre et prend autant de place qu’il en peut prendre. Tancrède, au contraire,