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un de ces services qui fondent une amitié pour la vie.

Nous ne dirons point quel fut ce service — dont le sexe mérite des égards — les personnes qu’il pourrait compromettre nous sauront gré de cette discrétion.

Il suffit de savoir que Tancrède fit preuve en cette occasion de tant de délicatesse, de présence d’esprit, de réserve, que M. de Balzac consentit à lui prêter, pendant quelques jours, sa canne précieuse, sans crainte qu’il voulût jamais abuser de la puissance qu’elle lui donnait.

Tancrède était ravi, transporté, au comble de sa joie, il possédait enfin ce qu’il avait tant désiré ; mais il lui arriva ce qui arrive quelquefois aux gens qui voient soudain leurs vœux les plus extraordinaires accomplis ; ils se trouvent déroutés, ce bonheur inattendu les dérange ; ils n’y comptaient pas, ils s’amusaient à rêver une chose, parce qu’ils la croyaient impossible ; et puis, lorsqu’ils l’obtiennent ils ne savent plus qu’en faire. Ô humanité !

Tancrède était toujours charmé de pouvoir