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me figurais qu'elle était animée contre moi des intentions les plus malveillantes. Une autre idée me vint: peut-être cette chatte, aux regards étranges, n'était-elle pas une vraie chatte? peut-être avait-elle la faculté, à de certains moments, de prendre l'apparence de cet affreux animal que j'avais entrevu?

Si je faisais part de cette idée à ma mère, je savais d'avance ce qu'elle me répondrait. Je savais d'avance aussi que sa réponse ne me convaincrait pas. C'était terrible! Je préférai ne rien dire, et je gardai mon idée, pour mon tourment.

VII.
Dialogues de Montézuma et de Croquemitaine.

Voici, je crois, d'où me venait en partie cette disposition maladive à voir quelque chose d'extraordinaire dans les faits les plus simples, et à peupler la maison d'êtres étranges et malfaisants.

Quand j'étais tout petit, on me confiait souvent aux soins de l'ordonnance de mon père. C'était un brave et honnête garçon, qui m'aimait beaucoup. Il s'appelait Montamat, mais tout le monde l'appelait Montézuma.

Malheureusement pour moi, il avait beaucoup plus d'imagination que de jugement.

Toutes les fois que j'étais méchant et déraisonnable, il faisait intervenir Croquemitaine. Comme il était ventriloque,