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doute, passa à deux pieds de ma figure, avec la rapidité de l'éclair, toucha le sol sans faire aucun bruit, roula un moment dans la demi-obscurité du corridor et disparut brusquement du côté de la petite porte de la cour.

J'essayai de pousser un cri, mais la voix me manqua.

Je me mis à trembler de tous mes membres et je tombai assis sur la dernière marche de l'escalier. Aussitôt, je me couvris la figure de mes deux mains pour ne pas voir l'horrible chose. Sans nul doute, la bête allait revenir. Elle était là, embusquée au tournant, j'en étais sûr.

Que ferait-elle de moi? J'attendais donc, les yeux fermés, lorsque la porte de la cuisine s'ouvrit, et ma mère me demanda avec surprise ce que je faisais là?

Je lui racontai tout.

Aussitôt, elle leva la tête, vit la porte du garde manger ouverte, et me dit: « L'animal qui t'a si fort effrayé a eu encore plus grand'peur que toi! » C'était Frimousse, notre grosse chatte, qui était venue à la maraude, et que mon arrivée avait mise en déroute.

« Tiens, me dit ma mère en souriant pour me rassurer, regarde toi-même; elle a emporté le morceau de bœuf qui restait du déjeuner. Vois-tu, le plat est vide.

Maintenant, viens avec moi; quand elle a fait quelqu'un de ses mauvais coups, je sais où la trouver. Il faut que tu la voies de tes propres yeux. »

Je répondis oui à tout ce que disait ma mère, mais, au fond, je croyais qu'elle se trompait. C'était trop gros, trop informe pour être notre chatte.