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syllabe, des dents sacrées du commandant: « Bicquerot, vous avez tort! »

IV.
Bonnes résolutions.

Eh bien, non! mon père n'avait pas tort; car je l'aimais de tout mon cœur, malgré ces accès de colère; je n'avais jamais songé un instant à lui dissimuler quoi que ce soit de mes stupides terreurs. S'il m'avait battu, je sens que je ne l'aurais plus autant aimé; je serais peut-être devenu menteur comme Robert Boissot. Car, après tout, le système de la vieille école ne lui avait pas déjà si bien réussi. Il est vrai qu'il ne bronchait pas devant son père: on aurait dit un soldat à la parade.

Mais il se dédommageait quand son père avait le dos tourné. Il parlait de lui sans le moindre respect; je ne dis rien ici des mensonges qu'il lui débitait avec une rare effronterie. Je n'étais qu'un poltron, c'est vrai, mais on m'aurait plutôt tué sur place que de me faire dire de mes parents le quart de ce qu'il disait des siens, et en riant encore! oui, il riait!

Devant son père, il me faisait toutes sortes d'amitiés, et m'appelait « son bon petit Paul ». Si j'avais osé, je l'aurais appelé menteur devant tout le monde; car quand son père n'était pas là, il me faisait, dans les coins, des grimaces affreuses, il me tirait le nez à me faire