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Le commandant souffla bruyamment en regardant mon père, puis il reporta ses yeux sur moi avec un étonnement feint ou réel. Cet homme de guerre s'étonnait-il de trouver un lièvre dans le fils d'un autre homme de guerre? Tout le temps qu'il me regarda, je n'osai pas bouger.

Enfin il hocha la tête à plusieurs reprises.

« Vous savez, Bicquerot, dit-il enfin en serrant les dents, moi je suis de la vieille école. A des fantaisies comme celles-là (car ce sont de pures fantaisies) je ne connais qu'un remède. »

Et il fit le geste de manœuvrer sa canne sur les épaules d'un poltron imaginaire.

« Oh non! dit vivement mon père, non; le remède serait pire que le mal. Et puis, voyez-vous, sa mère, la pauvre chère femme, en deviendrait folle. Non, non!

— Vous avez tort, répondit sèchement l'homme aux moyens violents. remède infaillible!

— C'est possible, dit mon père; mais je ne pourrais jamais m'y résoudre. Allons, mon pauvre garçon, va retrouver ta mère. »

Il y avait quelque chose de si triste et de si découragé dans le ton de mon père, sa figure exprimait si clairement la pitié et la bonté, que, sans la présence de l'odieux commandant, je me serais jeté à son cou.

Je n'osai pas le faire. Comme je refermais la porte assez maladroitement, car mes mains tremblaient, j'entendis encore une fois ces paroles sortir, syllabe par