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osant ni bouger, ni sortir, ni m'asseoir, je me mis à bouder dans un coin.

Je dis bouder, parce que je ne trouve pas d'autre mot pour rendre l'état où me mettaient les accès d'indignation de mon père. Quiconque m'aurait vu dans ces occasions aurait dit immédiatement: « Voilà un garçon qui boude. » Eh bien, non! je ne boudais pas. Je n'en voulais pas à mon père de me traiter un peu rudement pour me guérir d'un défaut dont mon amour-propre souffrait autant que le sien. Mais comme les idées les plus contradictoires me passaient par la tête, et que je ne savais ni les débrouiller ni les exprimer, je gardais un silence embarrassé, que l'on trouvait maussade, et une attitude contrainte, où l'on voyait, bien à tort, de la bouderie.

Je songeais à cela pendant que mon père lisait son journal; je me demandais: « Comment font les autres petits garçons pour n'être pas poltrons? »

Je me promettais fermement de ne plus l'être, avec la certitude que je le serais encore, et j'endurais dans mon coin une véritable torture, lorsque la porte s'ouvrit et livra passage au commandant Boissot.

III