Page:Girardin - Fausse route, 1897.djvu/19

Cette page n’a pas encore été corrigée

est mon propre fils. » Et ce nez! je vous demande un peu où il est allé prendre un nez pareil! »

II
Le nez du héros.

Dès ma plus tendre enfance, le trait principal et dominant, trop dominant de ma physionomie a été un nez excessif.

Maintenant que cet organe est à moitié dissimulé par une épaisse moustache, mes amis, pour me flatter, le comparent à un bec d'aigle. Mais quand je n'avais pas encore de moustaches, mes camarades, qui n'avaient nulle envie de me flatter, le comparaient au bec du toucan. Malheureusement pour moi, cette comparaison était juste. De plus, dès que la peur me prenait (et elle me prenait souvent), mon nez devenait tout blanc.

« Allons, me disait quelquefois mon père, voilà encore ce misérable nez qui blanchit: frotte-le donc, malheureux, pour lui donner un peu de ton. »

J'étais si naïf qu'il m'arriva plusieurs fois de suivre sérieusement ce conseil dérisoire et de frotter mon nez à outrance. Peines perdues! il blanchissait quand même.

Mon père s'était remis à lire son journal; et moi, n'