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Et le voyageur ébloui, débarquant au quartier de la Marine, un peu étonné de se trouver en plein centre des villes européennes qu’il vient de fuir, s’élance dans la ville arabe pour, du quartier de la Médina, se répandre à son gré, soit au nord dans le quartier Bab-Souika, soit au sud dans celui de El-Djazira.

Le changement à vue est complet. Comme au beau temps des magiciens et des fées dont le coup de baguette enfantait des métamorphoses, la ville indigène apparaît.

Les quartiers juifs et arabes n’offrent pas, certes, le confort et le luxe du quartier européen. Les rues en sont bien un peu étroites, un peu tortueuses, quelquefois même un peu sordides ; mais quels aspects divers dans leurs inextricables labyrinthes, dans leurs bazars, leurs palais mystérieux !

Et, pour n’être pas suspect d’une tendresse exagérée à l’endroit de la cité musulmane, laissons ici la parole à un voyageur d’une indiscutable autorité, M. Cat, inspecteur d’Académie à Constantine.

« Tunis, dit-il, vaut surtout par le détail, et, pendant quelques jours, le voyageur qui promène au hasard ses pas dans l’infini dédale des rues, est émerveillé des découvertes qu’il fait presque à chaque instant.

« Ici, ce sont les souks ou bazars, ruelles tortueuses et presque circulaires au-dessus desquelles de longues planches forment une sorte de toiture, qui garde la fraîcheur en tout temps ; chaque corps de métier a son souk particulier.