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selliers-gentilshommes, sans rivaux dans la fabrication des selles brodées d’or aux étriers d’argent.

Et lorsque, ébloui et charmé de sa vision de l’Orient, il redescendra dans la ville basse, le contraste entre le quartier arabe et le quartier européen lui apparaîtra saisissant. Plus de ruelles étroites et bizarrement tourmentées ; partout des voies larges, bien aérées, bien alignées, de larges avenues propres, nettes et bordées de maisons élégantes qui ne dépareraient pas les artères de nos villes même principales. L’avenue de la Marine surtout, avec ses six rangées d’arbres toujours verts, large de 60 ou 80 mètres, est une des plus belles promenades que l’on puisse rêver.

Il n’est pas jusqu’aux tramways qui ne donnent à Tunis un air de civilisation, jurant peut-être un peu avec les idées qu’éveillent en l’âme du touriste l’aspect des minarets et des mosquées, toutefois fort rassurant. Ce moyen de locomotion n’est d’ailleurs pas exclusivement goûté des Européens, dont l’abus des véhicules de tout genre et de toute forme a rendu les jambes quelque peu paresseuses et rebelles aux longs trajets ; il l’est aussi des indigènes qui ne dédaignent pas plus de fendre l’air sur nos tramways et nos chemins de fer que sur leurs petits chevaux barbes si alertes et si fugaces.

Le réseau de ces tramways n’est point achevé d’ailleurs, mais sera bientôt notablement accru.

Tel quel, traversant les principales rues du quartier européen, contournant les quartiers ara-