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Rédemption.

pide à droite du pont et se roulait dans les vagues salées de la baie. Puis il faisait de longues promenades, mais elle était toujours là, dans sa pensée, dans son cœur. Toujours il voyait les yeux noirs, les longues tresses d’or rouge.

N’eût-il pas craint qu’on le soupçonnât de l’aimer, il eût cherché à obtenir des renseignements sur l’organiste de Paspébiac. Et du reste, une bouche vulgaire eût peut-être profané, par des informations erronées ou indifférentes, cette créature qu’il savait, il en était sûr, digne de dévotion et d’adoration.


Appuyé sur le garde-fou du pont…

Le midi, le jeune homme appuyé sur le garde-fou du pont, les yeux sur la mer, regardait toute la flottille des pêcheurs de morue rentrer, tantôt à force de rames, lorsqu’était calme la surface de cette mer, tantôt avec vitesse lorsque les voiles blanches et brunes toutes tendues étaient gonflées comme si elles allaient se fendre en deux. Le vent alors poussait en grondant contre le rivage coupé en un vaste croissant, ces barges chargées jusqu’au bord de la pêche de la matinée. Une heure plus tard les pêcheurs, le teint bronzé, le dos rond, la jambe traînante, remontaient péniblement la côte.