Page:Girard - Rédemption, 1906.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
Rédemption.

le long de la galerie : des pois de senteur, des roses grimpantes, des giroflées, des héliotropes, des œillets, des narcisses, des bégonias ; agglomération de fleurs disparates, mais formant, dans leur ensemble, un heureux contraste de couleurs. Poussaient entre les barres, le long de la clôture, des groseilliers et des fraisiers ; disposés en triangle, trois osiers aux petites feuilles en quenouilles défendaient la maisonnette blanche contre les ardeurs du midi.

Lorsque Réginald revint sur ses pas, il vit la jeune fille à la chevelure d’or rouge, qui, penchée parmi les fleurs, cassait une gerbe de pois de senteur. Elle devina que quelqu’un passait là, sur la route. Elle se redressa et vit le jeune homme qu’elle regarda, avec cette curiosité qui porte les campagnards à examiner les passants. À cause de la chaleur qu’il faisait et de s’être tenue courbée, elle était toute rose. D’une main, elle tenait sa gerbe de pois de senteur ; de l’autre, elle relevait une mèche folle de ses beaux cheveux d’or rouge, qui lui était tombée sur le front. Deux ou trois papillons aux ailes mordorées et violacées voltigeaient autour d’elle.


Elle relevait une mèche folle de ses beaux cheveux d’or rouge…

Surpris à la contempler, Réginald détourna les yeux et accéléra le pas.

En apercevant ce beau, grand et robuste garçon, la jeune fille sentit ses joues plus embrasées.

Longtemps elle le suivit du regard.

Lorsque le jeune homme fut revenu à sa pension, la maîtresse lui demanda avec regret :

— Vous êtes toujours décidé à partir ce soir, monsieur Olivier ?

— Non, madame, répondit-il sans hésiter, je resterai encore quelques jours à Paspébiac.