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Rédemption.

ne de l’orgue. Comme la jeune fille avait recommencé à jouer il entra dans un banc et s’assit, les yeux fermés, la tête rejetée en arrière.

Combien de temps resta-t-il là ? Il n’aurait pu le dire. Seulement, lorsqu’il revint de son extase, la musique avait cessé et le temple était plongé dans le silence.

Il sortit. À un arpent devant lui, il aperçut une robe blanche et deux lourdes tresses d’or rouge. Indiscrétion qu’il n’eût jamais osé commettre avant ce jour, il suivit de loin cette robe blanche et ces deux lourdes tresses d’or rouge.

Une force dont il ne se rendait pas encore parfaitement compte, mais qui déjà s’était implantée en son âme pour y demeurer à jamais l’entraînait.

Qui était-elle ? Où allait-elle ?

Voilà ce qu’il se demandait en sentant ses jambes faiblir, sous la crainte que la jeune fille ne se retournât.

Après avoir marché quelques arpents sur la route de l’église, elle s’arrêta à une maisonnette blanchie à la chaux.

Il savait où elle demeurait sans savoir qui elle était.

Rebrousser chemin eût été imprudent, car il eût pu être découvert. Il continua donc en droite ligne. En passant devant l’endroit où elle s’était arrêtée, comme personne ne l’observait, du moins, il le crut il jeta un coup d’œil rapide sur la maison et sur le jardin qui séparait cette maison du chemin.

De chaque côté de la barrière, il remarqua, formant voûte, deux cormiers. À droite et à gauche de l’allée conduisant à la maison, allée pavée de planches disjointes, à travers lesquelles poussaient des touffes d’herbe des fleurs disposées d’une façon agréable à l’œil : des reines marguerites, des géraniums, des immortelles, des tiger-lilies, des pensées, des marguerites, des capucines, des cactus, des acacias, des fuchias, des géraniums lierres, des passe rose, des pavots ; tout