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Rédemption.


DANS UN NIMBE D’OR.


Il y avait deux jours que Réginald était à Paspébiac. Ce soir même, un samedi, il devait s’embarquer sur l’ « Admiral » pour continuer son voyage jusqu’au bassin de Gaspé.

Mais il ne voulut pas partir sans avoir vu l’intérieur de l’église.

Rien ne parle tant à l’âme du voyageur que ces monuments érigés à la divinité dans les villes et les villages, C’est toute l’histoire d’un peuple, avec ses triomphes et ses désastres, ses gloires et ses déchéances, ses te Deum dans les grandes joies, ses misérérés dans les calamités publiques, qu’elles renferment sous leurs voûtes, ces églises. Si ces palais de la chrétienté, que l’on admire dans les villes célèbres, nous enthousiasment par leur architecture, leur sculpture, leur peinture géniales, par la profusion de richesses qu’y ont entassées l’orgueil plus que la piété des adorateurs, les toutes humbles chapelles de villages, avec leurs murailles nues comme des suaires, leurs toiles grotesques, leurs colonnes sans style, nous reposent des falsifications de la vie. Entre ces murs sans architecture qui sont imprégnés de la senteur âcre de la sueur du travail du paysan ou du pêcheur, le voyageur est envahi par une grande paix, faite de sincérité et d’honnêteté. Là, on est d’autant plus porté à adorer un Dieu, qu’on y devine l’homme moins méchant et plus rapproché de la divinité.

Voilà ce que pensa Réginald en s’acheminant vers l’église en bois de Paspébiac. Il entra.

Un enveloppant silence de religion et de quiétude emplissait tout l’édifice. Le jeune homme fut vivement impressionné par la grandeur dans sa simplicité de ce temple