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Rédemption.

d’enfants. Bien qu’âgée de soixante ans, elle est encore active et robuste. Je ne doute pas qu’elle soit contente de trouver un refuge.

— Voilà pour la servante, mais la maison ?

— Ah oui ! attendez-donc un peu… Mais pourquoi pas ? c’est cela… Comment aimeriez-vous à demeurer dans la maison de Johnny Castilloux ?… Il est vrai qu’elle est un peu, comment dirai-je, modeste pour vous.

— La maisonnette du grand-père de Romaine ?

— Tout juste.

— Et lui, où demeure-t-il donc ? Avant de venir ici, je suis allé frapper à cette maison. Comme je n’ai pas reçu de réponse, j’ai cru que le pêcheur était allé tendre ses rets.

— Le pauvre vieux, ses rets il a fini de les tendre !

— Que voulez-vous dire ? s’écria Réginald, portant tout son corps en avant, le grand-père de Romaine serait-il ?…

Il n’osa pas achever.

— Hélas oui, mon cher ami.

Il y a de cela un mois environ. C’est la mort de sa pauvre petite qui l’a tué. Il est tombé tout d’un coup, comme ces grands pins qui résistent à bien des tempêtes, mais qu’un coup de vent plus fort que tous les autres finit par renverser. Depuis ce matin fatal de septembre, il a vécu comme ci comme ça, battant de l’aile, quand un soir, je fus appelé en toute hâte à son chevet. Il avait été frappé d’une syncope de cœur. Je n’eus que le temps de le confesser. Avant de rendre le dernier soupir, il me pria de vendre sa maison, et de faire servir l’argent que j’en retirerais à dire des messes pour le repos de son âme ainsi que de celle de Romaine. Vous comprenez bien que je n’ai pas attendu de faire cette vente pour dire des messes à leur intention. Je compte sur l’avenir, crédit que le bon Dieu voudra bien accepter.

— Combien vaut la maison ?