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Rédemption.

choses choquèrent l’âme sincèrement religieuse de Réginald. Il pensa alors que si son or n’était pas venu au secours de la pauvre fille, on eût bientôt murmuré quelques oraisons rapides sur la dépouille comme une chose ennuyeuse dont on a hâte de se débarrasser. Ce cadavre, on l’eût transporté au grand trot au cimetière.

Mais l’or sera toujours un dieu tout-puissant : c’est ce que devait penser l’entrepreneur de pompes funèbres que Réginald avait largement payé, pour ses tentures, son corbillard et le cercueil.

Au retour du cimetière. Réginald se demandait de quel côté, maintenant, il orienterait sa vie ?

Il n’avait plus de parents, et ne se sentait aucun attrait ni pour le monde, ni pour le mariage. De plus il voulait demeurer fidèle à la mémoire de Romaine. Tout ce qu’il y avait d’aimant en lui avait été englouti dans la mort de la petite-fille du pêcheur. Il n’était revenu à Montréal que pour arracher Claire à la honte.

Son œuvre, maintenant était accomplie. Sans cette œuvre de rédemption qu’il s’était imposée, il ne serait pas parti de Paspébiac, où avait vécu et péri Romaine Castilloux.

Si Claire avait duré des années encore, il serait resté à son poste. Mais aujourd’hui qu’elle n’était plus, il allait dire adieu à ce monde de falsification et se réfugier là-bas, sur ces côtes bizarrement belles, où il avait connu le bonheur parfait tout éphémère qu’il eût été.